livres

Ils en parlent...

Danièle Gasiglia LasterCritique, présidente de la société des Amis de Victor Hugo
« Passionné de cinéma, Henri Lequien écrit des poèmes et des chansons (paroles et musiques) qu’il interprète lui-même.
Ce recueil doit son titre à ses trois passions : les textes sont comme des courts métrages mais en poèmes à la prosodie très libre ; parfois très proches de la prose, quelquefois plus proches du rythme poétique mais sans jamais suivre les chemins imposés par les règles classiques.
Les histoires racontées nous invitent à un tour du monde qui ne s’attarde pas sur les lieux touristiques mais sur les êtres. Histoires d’Albanie, d’Autriche, d’Italie, des États-Unis d’Amérique, du Portugal ou d’ailleurs, ces courts-métriques reflètent parfois l’atmosphère d’une ville ou d’un pays mais le plus souvent pourraient être d’ici, de là-bas, de toutes les contrées.
Les voix narratives sont multiples : « je » dont on ne connaît pas toujours le genre, « nous », aussi incertain, « il » ou « elle » nommés ou pas. « Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi », écrivait Hugo en préface des Contemplations. On pourra se reconnaître dans tel ou tel récit ou y retrouver des moments de l’actualité qui nous ont bouleversés ou révoltés. « Hors saison », qui se situe sur la côte dalmate reflète l’atmosphère de vacances sans contraintes, où on se laisse vivre au gré des envies, du soleil, des invitations d’un charmant écureuil qui passe « dans la lumière bleutée du jour », ou de la mer : « Nous irons peut-être demain / Nous promener sur une grève, / Essuyer quelques jolis rêves/ avec une serviette à la main ». Le terre-à-terre se mêle aux étoiles, comme dans toute poésie en liberté. La jolie fille africaine qui se promène sur une place et dans les rues d’une ville du Kenya, regardée avec désir ou jalousie, rappelle la belle promeneuse de la rue de Buci évoquée par Prévert. Le court-métrique intitulé « Diplomatie » évoquant des négociations douteuses dont le but est de vendre des machines à tuer a lui aussi des accents à la Prévert (on pense au « Discours sur la paix »). « Ingratitude », qui se passe en Espagne, et « 6O heures de cours par semaine », histoire d’une jeune Coréenne, disent à quel point une éducation trop intensive peu casser un être et lui voler son enfance. L’humour est présent aussi dans ces histoires de partout et de nulle part, comme dans « Le Perroquet de Santiago » qui se moque des humains avec son refrain qui les fait tous enrager : « Ese typo es un cabron [ce type est un enfoiré] / Il parle comme un imbécile,/ On lui remettra la couronne/ Du roi des couillons entre mille. »
Les très belles illustrations de Bruno Collet, d’un lumineux et précis noir et blanc, participent à l’intérêt de ce livre. »
François Sommé
Quand Henri Lequien s'est mis à chercher un titre pour son recueil de textes associant cinéma, poésie et chanson, j'ai spontanément proposé le terme de "courts-métriques" : des situations, une tension narrative constante, des personnages et un décor qui font voyager, des tranches de vie rythmées et rapides, ancrées dans le réel, une écriture scénariste àa la fois concrète et onirique, colorée, populaire ou savante, ciselée et percutante comme un flash d'information...